Nostradamus (1503-1566)

Michel de Nostre-Dame

Médecin et astrologue français (Saint-Rémy-de-Provence, 1503 — Salon, 1566). Près d'un demi-millénaire après la première publication de l'œuvre principale de Nostradamus, Les Centuries astrologiques (1555), ses prophéties sont l'objet de tant de commentaires que le personnage ne saurait laisser indifférent. Michel de Nostre-Dame passe son enfance entre ses grands-pères, tous deux médecins, et c'est également la médecine qu'il choisira d'étudier à Montpellier, dans l'université la plus cotée d'Europe. En 1523, lorsque la peste décime le Languedoc, le jeune médecin, parcourant la région, se dévoue et dispense ses soins avec prodigalité. Puis il décide d'ouvrir un cabinet à Agen, se marie et noue d'excellentes relations avec l'un des plus grands savants d'alors, Jules César Scaliger. Quelques années passent, pendant lesquelles on peut croire que Nostre-Dame vit heureux. Après la mort de sa femme et de ses enfants, emportés par une nouvelle épidémie de peste, il prend le bourdon du voyageur, sinon du pèlerin, et commence un périple qui l'aurait, dit-on, conduit jusqu'en Égypte. C'est alors que se seraient déclarés ses dons de voyance : rencontrant un moine sur son chemin, il tombe à genoux et reconnaît en lui le futur pape Sixte V. À son retour à Salon (1546), où il se remarie (1548), s'il exerce encore avec succès la médecine, il pratique surtout, comme son grand-père maternel, l'astrologie. En 1550 paraît son premier almanach, Pronostication «avec présages», précise-t-il, qu'il fera suivre de beaucoup d'autres jusqu'à sa mort. Il compose parallèlement un Traité des fardements (1552), dans lequel on trouve pêle-mêle conseils de beauté et recettes de bonne femme, à la manière des médecins du temps. Le coup de génie viendra avec les Centuries astrologiques, qu'il écrit, de son propre aveu, dans un état de «fureur poétique». Il s'en expliquera dans une lettre à son fils César : il n'a composé son livre qu' «à partir de ce que la divine essence [lui] a donné à savoir grâce au mouvement des astres». De même, il donne à son fils la raison pour laquelle il a été si obscur : «Bien des fois, depuis longtemps, j'ai prédit très à l'avance ce qui est arrivé depuis, événements heureux ou malheureux, annoncés par moi avec une promptitude instantanée, et qui se sont produits depuis dans les divers pays du monde. Cependant, je n'ai pas voulu, à cause des persécutions qui pourraient m'advenir, écrire clairement des événements que je prévois pour le futur ; en effet, les royaumes et les religions subiront des bouleversements d'une telle ampleur que si je venais à l'annoncer dès à présent, ceux des divers partis, religions et croyances en seraient offusqués et condamneraient ce qu'ils ne réussiront point à empêcher.» Ces Centuries astrologiques sont publiées à Lyon en 1555 sous le titre les Prophéties. L'ouvrage connaît un succès considérable. L'année suivante, au mois de juillet, Catherine de Médicis, passionnée par l'occultisme, l'appelle à la Cour afin qu'il dresse l'horoscope de ses fils. Les astres annoncent que trois d'entre eux régneront. Prédiction étonnamment juste : les trois garçons porteront tour à tour la couronne, sous les noms de François II, Charles IX (Nostradamus deviendra son astrologue et son médecin attitré) et Henri III. Revenu à Salon, Nostradamus apprend la mort de leur père, le roi Henri II. Nouveau succès : le prophète de Salon n'a-t-il pas prévu cet événement, et jusqu'aux circonstances dans lesquelles il surviendra? Le Lyon jeune, le vieux surmontera En champ bellique par singulier duelle: Dans cage d'or les yeux lui crèvera Deux classes une, puis mourir, mort cruelle. Contre toute attente, Henri II meurt en effet dans un tournoi. Il a mal fermé son heaume et le comte de Montgomery, son adversaire, a transpercé de sa lance, par l'œil droit, le cerveau du roi.
Tripes à la marseillaise
Tian d’aubergine